Le parcours de l’Ultra Trail Côte d’Azur Mercantour nous fait découvrir les massifs du magnifique arrière-pays niçois. Deux objectifs: aller au bout des 90km et évoluer sur ce terrain en minimaliste. Cette distance me permettra de gagner en endurance et travailler mon mental. De même, je souhaite savoir si je suis prêt à parcourir une telle distance grâce aux vertus de la course naturelle. Une course qui se fera donc avec les inov-8 terraclaw 220 aux pieds.
NICE : départ de l’ultra trail Côte d’Azur Mercantour
N’ayant pas été tiré au sort pour le marathon du Mont-Blanc, je me suis inscrit à cette course. Elle semble présenter le même profil et le parc national du Mercantour est un site que je souhaite découvrir. Le parcours est un tracé dont le départ se fait au nord de Nice pour terminer à Saint-Martin-Vésubie; un village à environ une heure de Nice en voiture.
Le retrait des dossards se fait à la promenade des anglais en bord de mer. Un contrôle efficace de l’équipement obligatoire en échange du sésame pour prendre le départ. L’accueil des bénévoles est sympathique.
Pour nous rendre au départ de la course, il y a trois solutions: Prendre une navette depuis Saint-Martin-Vésubie, prendre une navette non loin de la piscine Jean Bouin à Nice (il y a un parking réservé aux véhicules des coureurs), ou se faire déposer par nos propres moyens (un choix plutôt compliqué).
Arrivé la veille, j’ai passé une bonne nuit. Je retire mon dossard vendredi le matin de la course. J’imagine ensuite pouvoir faire une bonne sieste avant le départ. Finalement, ce sera une petite pause de 25 minutes.
Rendez-vous est donc pris pour un début de course à 17:00. Les coureurs du 90k et du 145k s’élancent ensemble. Je retrouve les copains. On s’encourage.
Je sais que je ferai la majorité de la course seul. Je ne souhaite pas me faire piéger dans une allure qui ne me conviendrait pas.
Le départ en fin de journée
Le GO est donné à 17:03. Il faut un peu de temps avant que le peloton ne s’étire. La température est douce et tout à fait supportable. On grimpe immédiatement sur les hauteurs. On laisse Nice derrière nous. Le jour se couche. La vue sur la ville et la mer est très agréable à voir. Je tire avantage de ce moment en partant à une allure moyenne de 12’/km (5km/h).
En effet, ayant peu de références, et même si le but est de simplement terminer, j’essaye de tenir un rythme. J’atteins ainsi le ravito du Levens (K30) peu avant 23:15 sans trop de difficulté. C’est l’occasion de faire un premier point.
Les bénévoles et le public
La commune de Levens est la première zone vie du parcours. En arrivant, le public nous encourage. Je sens la bonne humeur. L’ambiance nous porte. Et ça sera comme ça régulièrement tout au long de la course. La nuit, le jour, on croise des habitants sur le bord du chemin à des endroits improbables. De même, les bénévoles sont bien présents même là où on pense être au milieu de nulle part. Quelle présence!!! Les points de contrôle sont nombreux. On est bien encadré.
J’entre dans l’enceinte de l’école au milieu des autres coureurs. Je pense y retrouver mon pote Seb; qui finit par arriver. Il m’expliquera s’être perdu.
Je prends le temps de manger et de me noker les pieds. Je repars après 30 minutes en décidant de réduire l’allure.
La course de nuit
Afin de tenir la distance, je segmente la course entre chaque barrière horaire.
Je quitte Levens pour Utelle avec Seb. On reste peu de temps ensemble. Il s’arrête et je crois à ce moment qu’il est en train de ranger sa veste dans son sac. Comme souvent, je me dis qu’il me rattrapera.
Au milieu de la nuit, j’entre seul dans Utelle (K44). J’arrive à encore gérer mon effort. Mais le premier bilan est sans appel. Le parcours est technique : je ne peux poser ma foulée. Chaussures sans amorti et avec peu de protection, j’adapte mon allure pour préserver mes pieds. Ce n’est pas vraiment un problème car je souhaitais confronter la course naturelle à une telle distance; même si je ne m’attendais pas à autant de pierres et de cailloux.
Je me pose pour retirer les débris dans mes chaussures et me noke à nouveau les pieds. Au même moment, face à moi une scène à laquelle j’ai peu l’habitude d’assister: des coureurs qui font la queue pour rendre leur dossard. Les visages sont fermés. Il est 3:40 et la barrière horaire est à 5:10.
Je quitte le ravito 20 minutes plus tard et Seb ne m’a pas rejoint : il doit surement faire la course avec les copains; derrière.
Les conditions de nuit sont bonnes. Je continue à progresser mais la fatigue se fait bien sentir. J’ai quelques moments d’absence. Je prends alors la décision de prendre une pause au K50 dans un coin au calme. Il est 05:30. 20/25 mn plus tard, il fait frais. L’humidité du matin se fait sentir. Je me remets en course.
Quelle surprise!!!
Mais avant de m’élancer, je savoure la vue sur les massifs. Un moment magique au petit matin où le soleil pointe le bout de son nez. Le parc national du Mercantour est plus au nord. Il ne s’offre pas encore à moi.
Je ne sais pas du tout où je me situe au classement. Les copains m’ont-ils dépassé pendant ce break?
Je poursuis ma route. Mes pieds montrent des signes de fatigue et je ne suis plus du tout frais. J’ai pris de nombreux chocs aux pieds à cause des pierres.
J’atteins enfin le ravito du K55 au col d’Andrion. Je prends une chaise et soigne mes pieds: un massage qui me fait du bien et la nok à nouveau. Je vois apparaitre Jérôme et Jean-Michel. Je leur demande où sont Seb et Rudi. Ils ont abandonné. Seb a eu des soucis pour s’alimenter correctement et s’est arrêté à Utelle. Concernant Rudi, il a décidé d’arrêter au K30. Je prends un coup au moral. Au même moment, à ma grande surprise, Francisco (un autre pote) vient à ma rencontre. Je manque de lucidité: je crois qu’il a fini sa course. Mais en fait, ce sera un abandon aussi: hypoglycémie. Il ne pouvait plus s’alimenter aussi.
Le parc national du Mercantour
C’est un moment difficile à gérer. Je fais le plein de flotte et me réserve 500mL de coca. Je reprends des forces.
Un signe à Jérôme pour lui dire que je file. J’ai à nouveau froid. J’essaye de donner du rythme pour me réchauffer. L’objectif est d’arriver au mont Tournairet (K65); le point le plus haut de ma course. J’y arrive après un peu plus de 17 heures d’effort. Une vue magnifique à 360° s’offre à moi. J’admire le parc national du Mercantour.
Je prends quelques minutes pour savourer. Le soleil caresse la peau. Cela me donne de l’énergie. Je vais en avoir besoin pour cette descente; LA descente. C’est du costaud dès le départ. Quelle pente! Que c’est long!
Mes pieds subissent, encaissent les chocs. Je ne sais plus quoi penser entre l’expérience que je suis venu chercher et la souffrance dans laquelle je suis entré. C’est interminable. Il y a pas moins de 5-6km.
La zone vie de Roquebillière
Je retrouve ensuite un peu de route avant d’arriver à la zone vie à Roquebillière (K74). Il est 12:30. Il fait maintenant bien chaud.
Je récupère mon sac de délestage. Je prends une douche et change de vêtements. De même, changement de chaussures; pour plus de protection. J’avais prévu cette possibilité au besoin.
Un coup de téléphone à ma chérie pour lui dire que je vais bien. Elle me donne quelques infos de course et le fait de l’entendre me fait beaucoup de bien. L’émotion m’envahit un court instant. Je sais que je dois y retourner. Je dois terminer. Je sais que ça va le faire. Mon corps et mon esprit sont diminués mais répondent encore présent. J’ai cette chance de ne pas avoir de gros pépins physiques. Il y a bien des grosses baisses d’énergie par moment. Mais j’ai ce qu’il faut pour tenir.
Un plat de pâte/saucisse, des fruits, puis c’est reparti. Il est un peu moins de 13:15.
Direction la ligne d’arrivée à Saint-Martin-Vésubie
La chaleur se fait bien sentir. Le soleil m’écrase. Je grimpe immédiatement dans le village. Je profite de la moindre occasion pour me mouiller. Il y a quelques fontaines.
En sortant du village, la fin de parcours se fait heureusement sous les arbres. Les chemins sont bien mieux praticables. Mais à ce moment de la course, il n’est pas évident de relancer. Je fais au mieux.
La dernière difficulté passée, j’atteins la route. Il reste alors 6km mais je crois sur le moment qu’il en reste plus que 2 (mauvaise indication d’un spectateur). A ce moment, je rattrape un coureur qui n’a plus la force de courir. J’ai la faiblesse de rester avec lui. J’ai bien un doute sur les 2 km restants mais je n’ai plus cette lucidité à bien réfléchir. La combativité n’est plus là. Pourtant, cette partie est un faux plat descendant. Je suis dans la facilité de la discussion.
J’entre enfin dans le village. Seb et Rudi sont présents pour m’accueillir. Je propose au coureur de terminer en courant. Il me dit d’y aller. Mon objectif principal est atteint : je franchis la ligne d’arrivée.
Bilan de l’UTCAM 2018
J’ai réussi à aller au bout de cette aventure dans des conditions acceptables. Mes limites ont encore été repoussées. La course naturelle me prouve une fois de plus que je prends le running par le bon bout: sport et bien-être au centre de ma pratique.
Finalement, mes pieds sont en très bon état. Ni ampoules, ni ongles noirs.
Les courbatures sont bien présentes mais à un niveau vraiment moindre de ce que je craignais.
Je me suis créé des repères pour la suite. J’espère que j’en profiterai avantageusement. Wait and see 🙂.
L’ultra trail Côte d’Azur Mercantour est une longue épreuve d’endurance d’une qualité remarquable:
- Un parcours très technique.
- Une organisation bien rodée avec un balisage de haut niveau et des points de contrôle nombreux.
- Une vue époustouflante sur les massifs de l’arrière pays niçois.
- La bienveillance des bénévoles et des habitants m’a permis de rester combatif.
- Un départ de course à 17:00 qui permet d’aborder la première nuit dans de bonnes dispositions.
Pour celles et ceux qui connaissent cette distance, comment l’avez-vous gérez la première fois?
Partagez votre expérience en laissant un commentaire. Je suis sûr que cela peut aider la communauté 😉
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Bonjour,
Merci pour ton expérience. J’ai bien lu ton récit de course que je trouve sympa et très motivant.
Est ce que tu peux m’aider sur la gestion alimentaire ? Je suis en pleins doutes.
Quantité d’eau sur soi ?
Nombre de barre entre chaque ravitos ?
Car je pense être sur les mêmes bases que toi.
Merci pour ton aide
Dang
Bonjour Dang,
Il est compliqué de donner des conseils tellement nous sommes chacun différent. Ce qui fonctionne chez les uns peut ne pas l’être pour d’autre.
Je recommande à chaque athlète de construire ses propres repères.
Je vais néanmoins te donner quelques pistes (de réflexion).
Pour l’hydratation : j’emporte 3 flasques de 500mL d’eau (pour ce type de course). J’adapte les quantités en fonction de la météo. Tout dépend de tes besoins.
Pour les apports énergétiques : céréales, compotes, pates de fruits, des bonbons ‘sports’. Je me sers des ravitos pour le salé; chips, tuc, fromages, saucissons, etc… (très important).
De même, j’ai des sachets de sel (type fast food) que je garde sur moi; pour gérer les crampes (ne surtout pas en abuser).
Ce que j’ai appris au fil des courses, c’est de prendre le strict nécessaire (mais pour cela, il faut se connaitre). En effet, le poids est un réel handicap.
Et je sais que c’est très compliqué lorsqu’on manque de repère.
Je te souhaite une bonne course.